Au-delà de l’idéologie de la Silicon Valley – Revue Tèque
Au-delà de l’idéologie
de la Silicon Valley
On décrit souvent les origines de la Silicon Valley en mettant l’accent sur un mélange unique de hippies, de hackers et d’étudiants libertaires qui se seraient convertis au capitalisme. L’attrait de cette thèse cache trop souvent des aspects moins flamboyants de son idéologie. Ce livre propose d’en analyser des dimensions négligées : le rôle clé du capital-risque, les positions explicitement réactionnaires de certains investisseurs, l’importance des influences religieuses, coloniales et néo-darwinistes, et des visions de l’avenir contre-utopiques, voire apocalyptiques. Pour comprendre les formes de domination technologique, on ne peut plus se contenter d’une condamnation moralisatrice des patrons de la tech états-unienne. Une critique conséquente doit tenir compte de la façon dont elles sont soutenues par une pluralité d’idéologies venues de la philosophie, de la finance, du management ou du design.
Tèque est née du constat suivant : si les GAFAM, l’intelligence artificielle, les voitures automatiques ou bien encore certaines figures devenues presque légendaires de la Silicon Valley font l’objet de pléthores d’articles, il reste des pans entiers de savoirs liés à l’évolution des technologies numériques qui ne sont pas abordés en français. Si les sujets, les thématiques, les acteurs de la « tech » sont déterminants à la fois du point de vue économique, politique, scientifique et aussi impactant sur nos vies quotidiennes, il convient d’en comprendre les tenants et aboutissants. Pour cela, il faut pouvoir lire en français les dernières discussions théoriques quant à l’évolution des technologies numériques et il faut pouvoir écrire en français une pensée qui se situe par rapport à cela, de même qu’il est nécessaire d’enquêter auprès des acteurs français de cette révolution. Par ailleurs, il conviendrait d’aborder ces sujets d’un point de vue des savoirs situés et de bâtir une approche critique à partir de nos expériences, y compris intimes, de la technologie.
Tèque chercher donc à créer les conditions d’épanouissement d’une écriture située et d’une critique culturelle du numérique avec un certain élan pour la description des émotions, une rigueur dans l’analyse des objets, un point de vue tranchant sur le caractère normatif des technologies. Un projet qui explore donc plusieurs modalités d’écriture et qui doit pouvoir compter sur une certaine épaisseur de temps pour afficher une cohérence et une intelligibilité du propos qui ne peut s’instaurer que dans un dialogue au long cours entre articles, reportages, essais et récits, entre sources francophones et anglophones traduites.