Le vivant est-il gouvernable ? Le politique à l’épreuve d’un monde saturé de traces
Des accusations de sorcellerie sous la Renaissance jusqu’à la tourmente contemporaine du covid, l’intervention humaine sur le monde vivant suscite des passions démocratiques difficiles à contenir. Elles s’expriment à travers ce que l’on ne peut pas voir à l’œil nu?: vaccins, virus, pesticides, ondes électromagnétiques, données numériques, etc. Objets passionnels, ces traces polarisent l’opinion publique. Loin de se cantonner au seul registre de l’expertise scientifique, leur interprétation touche les ressorts du sacré et du profane, c’est-à-dire ce qui façonne, cimente, dessine une société et lui donne sens. Dans un monde saturé de big data, d’indicateurs de plus en plus précis et de spiritualités écologiques, la trace prolifère et règne en maître à l’ombre de la raison. Interpréter une trace oblige chacun à se positionner sur ce qui distingue l’humain du reste de l’écosystème vivant. Elle tend le miroir à une humanité qui s’interroge sur la place qu’elle occupe dans le monde. La passion des traces est inaltérable, car l’aléa biologique échappera toujours à la volonté humaine. Nos politiques sauront-ils relever le défi??