Depuis 37 ans, près de 6 000 œuvres provenant de 32 pays ont été examinées et 250 d’entre elles ont été lauréates, mentions ou coups de cœur du Prix Roberval.
Le Français : Langue de Culture Technologique ?
La question de la langue est au cœur de notre réflexion, aussi bien pour ce qui concerne la communication des connaissances, que pour ce qui concerne la création de connaissances nouvelles.
La diversité linguistique et culturelle est aussi nécessaire à l’humanité pour sa compréhension du monde, que la diversité biologique l’est à la planète pour sa survie.
Nos tables rondes ont permis de progresser dans cette réflexion en organisant le dialogue entre scientifiques de différentes disciplines, philosophes, spécialistes de communication et linguistes.
Le Prix ROBERVAL s’inscrit dans le mouvement pour la diversité culturelle et linguistique et agit au niveau de la francophonie. En effet, une langue ne sert pas seulement à communiquer, mais également à hériter d’une culture et à acquérir un rapport distancié à soi-même pour accueillir l’autre et sa pensée. Dans un contexte global où la technologie devient de plus en plus critiquée, où son développement exige de plus en plus de concertation avec la société, il est important que la technologie, qui façonne nos vies et nos modes de pensée, soit accessible dans les langues de culture et de tradition. Pour que le grand public francophone s’approprie une culture technologique, le Prix ROBERVAL favorise la production d’œuvres conçues, pensées, réalisées en langue française : la langue avec laquelle ce public, l’apprenant, est le plus à l’aise pour comprendre, sa langue de culture et de tradition, celle dans laquelle il intègre le plus facilement des connaissances nouvelles.
Au-delà, force est de constater que, pour les besoins de la recherche, scientifiques et technologues contemporains se sont constitués des langages spécialisés et formalisés permettant d’encadrer leur pratique et d’élaborer leur théorie. Ces langages, souvent proches des mathématiques, relèvent du jargon dès que l’on sort de la communauté des spécialistes. Mais même au sein de ces communautés, ces langages ne constituent pas des langues de culture, c’est-à-dire des langues permettant le recul critique, la perspective historique, la compréhension généalogique des concepts.
Par conséquent, l’enjeu de la langue française n’est pas seulement un enjeu pour réconcilier la technologie et la société, ou encore un enjeu culturel pour le monde francophone, c’est aussi un enjeu pour le travail interne des disciplines technologiques, dans leur propre maturation et prise de conscience de leur existence, rôle et devenir.